Je sais maintenant pourquoi
chaque fois qu'il fait un matin bleu
avec des cerises dedans
je suis ensemble (aérien)
une sorte d'ange
et une angoisse viscérale.
C'est que je suis
l'air et les cerisiers
et c'est vrai
que je pendouille de petites boules rouges
que je plane comme la feuille
comme l'alouette
mais qui ne bougerait pas les ailes
que je ne suis
qu'une respiration anonyme
que traverserait chavirante
l'odeur des fleurs de buis à Pâques
que je n'ai plus alors de sexe
ou encore je suis androgyne
et me copule
C'est qu'aussi
je ne suis pas le cerisier
ne suis que ma pensée
(un temps quillée mais toujours ramenée)
c'est que je suis
l'impossibilité de l'autre que je rêve
poète tout con
du piètre pouvoir de nommer.