Discours

Si plus sûrement niché qu'au coeur du fruit le ver
tous rythmes dénoncés
la toujours soudaine nuit de l'ennui gagne l'âme
je jauge le faux pouvoir des mots.
je ne peux plus nommer les choses par leurs noms
ou si je dis leurs noms ce n'est plus leur langage
Rose n'est plus la rose et même Mort me ment
Sans la mer sans ses yeux seule Rien laisse en ma
bouche
ses balances pourries plus qu'une épée sans lame.
Vaine l'innocence de l'enfant
éteints les soleils de l'amour
mes mots je suis l'auteur d'une mauvaise pièce
que jouent des masques mal moulés
dans un thÈatre vide

Seul alors s'en tire le poète

J'appelle poète
qui d'abord existe
(même sans écrire)
et parie
hors toute considération des causes premières
le rêve et le quotidien

J'appelle poète
qui dialogue avec la beauté
(sexe de l'âme)
sans souci d'en donner une définition jargonnante

J'appelle poète celui qui
répond à l'insolente absence d'un dieu
par l'invention sereine de ses dieux personnels